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AFRIQUE
AFRIQUE
L’enfant, le poing tendu vers le soleil
L’autre main protégeant à demi les yeux
Se tient debout près d’une case de terre
Enfant d’Afrique aux pieds nus dans la poussière ou la boue
De haillons tout dévêtu
Se découpe en contre-jour
Comme une ombre verticale, une masse noire immobilePauvre gosse dit le touriste
Regardez le maudire le ciel d’être né ici
Dans la misère, la famine, ses yeux chargés de mouches
Ses plaies aux genoux qui ne guérissent pas
Et sa morve traînante qu’un dos de main essuie
Pauvre gosse innocent il me fait pitié
Passons notre chemin car cela est trop tristeL’enfant se retourne, court derrière la voiture
Qui l’ennuage de poussière
Et d’une nauséabonde vapeur blanchâtre
Il rit, remerciant le soleil de le chauffer
De faire pousser le riz et les légumes
D’être là, entouré d’amour
De sa famille aimante et présentePuisque chaque être humain a sa propre pensée
Juger la condition de l’autre jamais ne sera juste
Contentons-nous de vivre notre présent
Puisque c’est la seule manière d’apprécier la vie(juillet 2009)
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RÉFLEXIONS
Que savons-nous de la pensée d’une fourmi
Quand elle escalade un brin d’herbe ?
Il est aussi difficile de le savoir
Que de traduire la pensée d’autrui.
Les mots n’ont de sens que pour celui qui parle
Exprimant maladroitement une pensée fugace.
Seul l’amour permet de comprendre l’autre
En se taisant tout simplement
En se mettant à son écoute
Et par les sentiments recueillir la pensée juste
Celle qui provient de son moi éclairé.
Dans l’alchimie des énergies
Le domaine ou rien n’a d’importance
Leur reconnaissance mutuelle délie les nœuds anciens
Et libère les compréhensions du passé.
Seul l’amour a ce pouvoir
Car il est pureté et désintéressement
Les rencontres d’âmes guérisseuses
Dans le silence des yeux parlants
Apaisent les conséquences des refus
Délivrent par l’acceptation les angoisses passées
Et ouvrent les cœurs à la Connaissance.
Ainsi se fait la rencontre intérieure
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EAU DOUCE
L’Homme demi-assis sur la margelle du puits
Contemplait cette eau noire stagnante dans son ombre
Un geste de sa main sans doute aurait suffi
Pour étancher sa soif de ce liquide sombre
Mais il savait que celle attendue paraîtrait
Rendez-vous accordé sans aucune parole
Établi en l’espace par celui qui connaît
Et procure à chacun le jeu propre à son rôle
Elle apparut enfin, soleil couchant du jour
Seule toujours seule rythmée de sa marche lente
Reins cambrés, pot-en-tête et droite comme une tour
Seule la pointe des pieds effleure le sol en pente
Dès le premier regard un éclair a jailli
Elle le sut dans l’instant : elle n’attendait que lui
J’ai soif demanda l’Homme au sourire d’enfant
Elle comprit pour toujours : c’était fini l’avant
L’eau puisée de sa cruche doucement elle versa
Dans le creux de ses mains, d’abord il les lava
Au puits de cet amour ils se désaltérèrent
Leurs regards se mêlant respirant leur lumière
Elle se prénommait croit-on Marie-Madeleine
Et but dans les mains d’Homme l’eau de sa fontaine
(août 2009)
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LIBÉRATION
Le cœur dans une tourmente d’amour si longtemps contenue
Battait fort, ainsi qu’une cloche de Pâques lancée à la volée.
Elle s’était dévêtue, cachant sa nudité en gardant ses yeux clos
Une mèche de blondeur s’échappant de son front s’accrochait
À un coin de sa bouche frémissante de désir
Jambes fermées, seins dressés, ventre secoué
Elle attendait l’homme qui se préparait.
Un baiser profond sur sa bouche entrouverte
Ouvrit toutes les portes dans le même moment
Et l’abandon total a des mains caressantes
Transforme le corps inerte en une fontaine ardente
La brûlure de sa chair à son âme se transmit
Consumant les noirceurs héritées du passé
Découvrant un diamant brillant fort sous la cendre
Et libère à l’instant les désirs enterrés
La montée du plaisir du corps régénéré enfante alors
Une douce complainte d’amour sortie du fond du cœur
Accompagne en vibrant l’impatiente guérison
Expulsant par le son les énergies bloquantes.
Des corps collés serrés par le besoin d’amour
Se mêlent des énergies gonflées par l’abandon
Accroissant le contact réclamé par l’Esprit.
Ainsi du fond des âges se perpétue l’amour
Et s’élèvent les âmes dans un ballet joyeux
Satisfaites de l’instant où se vit tout bonheur
Indifférentes à une illusoire séparation
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HAÏTI
Une plainte sans fin sortie d’on ne sait où
D’un informe tas de terre ou d’amas de cailloux
Se glisse dans les airs en quête d’un secours
Et se mêle aux autres stagnantes dans cet air lourd
Port-au-Prince n’est plus, la ville s’est effondrée
Les survivants regardent assis et hébétés
Les corps aux postures dépourvues de confort
Recouverts de poussière et reconnaissent leurs morts
Une femme les yeux au ciel, pensant monde fini
Attend d’être emportée là où n’est plus la vie
Un silence succède au bruit assourdissant
Qui emporta vieillards hommes femmes et enfants
Quelle malédiction sur ce peuple influa
Pour qu’infinis tourments toujours le terrassa
D’aucun pensant que rien n’arrive sans raison
Disent qu’une main vengeresse détruisit leurs maisons
Alors que la vermine se repaît des dépouilles
Que des cris de douleurs sortent encore des fouilles
Les censeurs ressurgissent et trouvent en religion
Écrits qui donnent pour tout une justification
Je préfère à penser que ce peuple Haïtien
Détenteur d’une sagesse reconnue des Anciens
Par le grand sacrifice de leur propre existence
Nous a permis d’élever notre niveau de conscience
(février 2010)
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